Sourate #8 : L’Espoir ne fait qu’un avec nous

202ème Cycle – An 434

Était-ce le destin que d’éviter la mort à chaque reprise ? Tel un signe des plus hautes instances qui me montraient que ma cause était la bonne… Comme si nos créateurs voyaient, en moi, les êtres que nous devrions être. Personnellement, je n’avais jamais vraiment cru à ce qu’on m’avait dit sur eux et qu’au final toute cette mythologie n’avait qu’un seul sens : retrouver cette foi et cet espoir qui, autrefois, étaient prépondérants sur Gliese. Bien longtemps avant ma naissance, la croyance régnait au sein du peuple. Non pas une croyance aveugle puis-ce que nos créateurs existaient véritablement et cohabitaient avec nous. Malheureusement, avec les premières guerres, tout ce que prônaient nos créateurs partirent en fumée. Totalement dépassé par leur propre création, nos créateurs partirent subitement avec, par conséquent, ce vent d’espoir qu’ils avaient apporté.
Certains disaient qu’ils auraient pu contrôler la situation mais qu’ils ne l’avaient pas fait parce qu’ils savaient que notre nature nous emmèneraient à recommencer inlassablement. La violence et les guerres faisaient partie de nous, qu’il était impossible de s’en détacher… Mais alors, pourquoi nos créateurs ne nous avaient pas, tout simplement, supprimés ? Est-ce que même eux se refusaient d’aller si loin, préférant subir les conséquences de leur choix… ?
Finalement, nos créateurs revinrent sur Gliese en promettant de changer les choses. Là où j’avais arrêté d’y croire était dans les actes qu’ils propageaient. Ils causaient ce pour quoi ils étaient partis auparavant. Peut-être que je me trompais mais je ne pouvais pas accepter que nos créateursétaient tombés si bas. Selon moi, ils n’étaient que des imposteurs se disant nos créateurs mais n’ayant aucune de leurs bonnes intentions. Toutefois, et à ma grande surprise, ils réussirent à redonner cet espoir que demandait tant le peuple. Ce dernier en venait à accepter toutes ces guerres car ces soi-disant créateurs disaient que c’était la voie à suivre… Et aveuglément, ils la suivaient.
À ma naissance, ces créateurs n’étaient plus là mais cependant, les descendances étaient déjà prêtes. Le Souverain Affân se disait en faire partie, tout comme mon Père. Ces successeurs gardaient les influences guerrières des créateurs tout en voulant mettre en place leurs propres idéaux. Les guerres n’étaient plus causées par de simples groupuscules. Dorénavant, les successeurs se déchiraient pour faire en sorte que les idéaux de l’un soient réalisés à la place d’un autre.
Dans tout ça, qu’était devenu ce vent d’espoir tant souhaité par les créateurs ? De mon temps, l’espoir était passé bien plus loin qu’au second plan. Ce que voulait Genesis, ce n’était plus de donner de l’espoir au peuple mais plutôt de suffisammentfaire peur pour garder ce semblant de Paix. Et puis, pour le Souverain, l’espoir n’avait plus lieu d’être. "L’espoir est quelque chose que nous souhaitons, que nous attendons. Nous n’avons plus besoin d’espérer maintenant que nous avons ce que nous recherchions." avait-il dit en abordant le sujet. Genesis voulait la Paix et maintenant, il ne voulait plus que cela redevienne un simple espoir.
Néanmoins, d’autres espoirs étaient nés comme celui qui était dans la tête d’Exodus. Me sachant à la solde du Souverain, une proposition m’avait été faite : apporter mon soutien à Exodus en frappant Genesis de l’intérieur. J’allais bien entendu refuser, non pas pour prouver ma loyauté envers le Souverain mais Exodus ne me semblait pas apte pour accomplir cela.

« Beaucoup de rumeurs circulent sur vous… Je vois qu’au moins une d’entre elles est fausse, signalai-je aux Héritiers.
- En effet. La manipulation commence toujours en colportant de fausses accusations sur ses ennemis.
- La manipulation ne sert à rien quand on contrôle déjà tout. Le peuple de Gliese ne sait absolument pas que vous existez et, au sein même de Genesis, vous êtes plus un caillou qu’une montagne.
- Devons-nous en déduire que vous refusez notre proposition ?
- J’y réfléchis encore, répondis-je en mentant. Voyez-vous, je ne comprends pas votre implication dans ce plan. Vous voulez que j’en finisse avec Genesis en l’attaquant de l’intérieur mais, dans ce cas, pourquoi chercherais-je à vous compter parmi mes alliés ? Du moment que je prends le pouvoir, vous savez que rien ne changera… Enfin pas tellement, je mens quand je dis que je ne changerais rien. Le Souverain me paraît trop clément sur certains points, ce qui pourrait devenir une faiblesse. Il faudrait se montrer plus dur pour fermer toutes les possibilités.
- Et seriez-vous prête à nous révéler ces quelques points ?
- Vous pensez vraiment que je vais vous donner ce genre informations ? rigolai-je de vive voix.»

Un coup de crosse frappa l’arrière de mon crâne, me heurtant contre la table. Je sentais mon sang dégouliner le long de ma tête… Ahern s’approcha de mon oreille. "Respectez les Héritiers, vous ne valez rien ici !" m’adressa-t-il.Mon rire l’énerva suffisamment pour qu’il finisse par me lever de la chaise. En réponse, je lui adressai un coup de tête au visage. Il essaya de répliquer mais les Héritiers l’en empêchèrent. "Arrêtez ça !" ordonnèrent-ils alors que le poing d’Ahern s’arrêta juste devant mon menton.
Je saisis l’instant pour attraper son bras avec mes deux mains menottées. "La prochaine fois que vous souhaitez me regarder souffrir, allez-y jusqu’au bout."conseillai-je en plaquant Ahern contre la table. Il contra avec quelques coups de coude, me faisant lâcher prise. Il attrapa l’arme accrochée à sa ceinture. Je me jetai en arrière pour éviter le tir qui toucha, par chance, les menottes. D’un coup de balayette à la cheville, je le fis tomber à mon niveau. J’agrippai son arme pendant que nous nous relevâmes ensemble. Ahern se débattait mais un coup de genou au niveau de ses côtes calma ses ardeurs. Je le fis passer par-dessus mon dos pour le mettre au sol, accaparant son arme au passage. Il le remarqua lorsqu’il essaya de me viser. D’un sourire moqueur, j’enchaînai en lui tirant dans la jambe.
Une série d’explosion se fit entendre au loin. "J’ai bien peur que nous devons nous quitter de façon abrupte. Vous m’en voyez désolé mais ne vous inquiétez pas, nous nous reverrons." adressai-je aux Héritiers. Au même moment, un petit groupe de Genesis entra dans la pièce. L’un des membres me donna une armure que je mis aussitôt. Le plan s’était déroulé comme prévu. Bien qu’en mauvaise état, mon armure avait gardé son système de pistage. Pour un soldat lambda, le Souverain n’aurait même pas bougé le petit doigt. Mais je n’étais pas ce soldat et alors, il aurait pu détruire le monde pour me retrouver.
Le vaisseau se posa à l’intérieur de la pièce principale, les débris tombant tout autour de lui. La rampe arrière s’ouvrit pour nous laisser entrer. Au loin, je vis Ahern s’approcher péniblement. Je jetai son arme à ses pieds, il la récupéra difficilement. Il me visa en vain, la rampe se refermait et avec elle, sa dernière tentative de m’atteindre.